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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 21:15

Ma Bro Ar C'hap Hirio suite 4

4- Particularisme et particularités

41- émigrés 

Ce qui est vrai pour GOULIEN est vrai pour le Cap. Christian Pelras a traité le sujet (page 315) en constatant que la mécanisation agricole a eu pour effet de diminuer les besoins en main-d’œuvre agricole, ce qui a entraîné ‘’ l’émigration des sans terre’’. Emigrer, c’est aller en ville : PARIS, NANTES, RENNES, BREST, QUIMPER, là où se trouve le travail. Le travailleur va vers le travail, le travail vient rarement vers le travailleur. Mobilité par conséquent. Disponibilité aussi pour ceux qui choisissent la fonction publique ou la vie militaire. La réussite à un concours administratif équivaut souvent à une affectation à PARIS. La marine nationale quant à elle, se répartit entre BREST et TOULON. Dans l’armée de terre, les choses sont un peu différentes : on signe pour RENNES et on se retrouve au Kosovo ou en Côte d’Ivoire. Il se constitue ainsi une diaspora bretonne, très active à PARIS bien-sûr, mais également agissante ailleurs et outre-mer. A TOULON, un immeuble entier peut être occupé par des bretons. C’est TREZENNEC sur MER. La spécificité prend le dessus, au détriment des clochers. Breton, une référence !!
Les choses se gâtent parfois, lors du retour au pays, et les frictions entre les ‘’restés au pays’’ et les ‘’retournés au pays’’ ne sont pas rares et même plutôt courantes. Différences de mentalités, d’habitudes, souvent de niveau et même de train de vie. Epouser une femme d’ailleurs (c’est mon cas), signifie une part d’inconnu. On ne connaît ni la famille ni les racines, ni le niveau social comme c’est le cas pour une ‘’indigène’’. Problème et question ?? Il en est de même pour les ‘’nés-natifs’’ du cru, qui ont vu le jour dans une famille modeste, et reviennent, après avoir accompli ailleurs un parcours correct, ceux que Pelras appellent ‘’les anciens petits’’. Ils sont généralement mal accueillis, car les ‘’restés au pays’’ pensent qu’ils vont bousculer les choses, exiger des droits particuliers et même vouloir diriger et commander. On pourrait citer des exemples d’anciens cadres de haut niveau, de fonctionnaires et militaires ayant exercé des responsabilités importantes pendant leur vie professionnelle, qui ont été invités à se consacrer à la taille de leurs rosiers, et à faire le moins d’ombre possible aux ‘’Paotred Ar C’hatriem’’ dont nous avons déjà parlé et qui sont les seuls qualifiés pour la gestion des affaires. Le Cap refuse ce qui vient d’ailleurs. Nous avons assisté à un front de refus exacerbé dans le cas de la centrale de PLOGOFF, attitude que j’ai appréciée, tout en l’observant de loin. Pour autant, l’expérience et le savoir- faire des cadres supérieurs seraient peut-être un atout non négligeable dans un contexte économique difficile. De plus, cela éviterait sans doute des situations aussi lamentables que celles évoquées au chapitre précédent et concernant la rivalité des communes . Mais, cette rivalité de communes dissimule peut-être aussi et avant tout une rivalité de personnes, qui ne va pas dans le sens de l’intérêt général. Alors, aux affaires les ‘’Paotred Ar C’hatriem’’, au bénévolat les anciens cadres que l’on apprécie et que l’on souhaite même à la direction des chorales paroissiales ou à l’harmonium, à la gestion des bibliothèques, l’organisation des expositions et pour certains, à la présidence des Anciens Combattants, histoire de meubler les cérémonies commémoratives et patriotiques.
Quant au train de vie, parlons-en . Prenons le cas d’un ‘’sans terre’’, fils d’ouvrier agricole ou de marin-pêcheur, qui épouse une fille de son rang, donc aussi modeste que lui. Il fait carrière, disons dans la ‘’Royale’’. Sa femme a travaillé. Elle a donc une retraite. Ils ont construit une maison ‘’vue sur mer’’ ou ‘’vue sur la campagne’’, changent régulièrement de voiture, et prennent des vacances. L’opinion se chargera de juger :
« oui, mais ceux-là, qu’est ce qu’ils se croient ? »
Une fois de plus, la messe est dite.
Quoi qu’il en soit, les ‘’retournés au pays’’ sont destinés à faire l’objet de la justice populaire orale. Ou bien ils ont réussi, ce qui leur vaudra les critiques de la jalousie, ou bien ils sont plutôt en situation d’échec, ce qui leur vaudra les faux apitoiements de l’hypocrisie.
Echec et réussite sont les deux conditions d’une critique sévère et assurée.

42- Retraités et ‘’Fayots’’

Des événement récents : manifestations de grande ampleur en uniforme pour certains, et échéances politiques ont attiré l’attention et mobilisé l’opinion au sujet de la condition militaire. Je n’ai pas l’intention de traiter ce sujet qui ne serait pas à sa place dans le Cap-Sizun. Je voudrais seulement citer quelques chiffres : 
-  Les retraités militaires représentent un potentiel électoral de près de 900.000 personnes 
-  Les sous-officiers en retraite de la marine nationale, dont l’appellation coutumière est ‘’officier marinier’’, communément appelée ‘’fayots’’, sont environ 9.000 dans le Finistère (Télégramme du 19/12/2001) 
-  Ils sont 480 dans le Cap-Sizun (Télégramme du 6/3/2002)
Ces chiffres parlent d’eux-mêmes : ils sont à comparer à d’autres chiffres. 
-  La fédération nationale des ‘’officiers mariniers’’ FNOM comprendrait 30.000 adhérents. (dont 9.000 Finistériens, soit presque le 1/3). 
-  Les agriculteurs, exploitants et conjoints sont au nombre de 14.000 en Finistère ( soit 11.283 exploitations) 
- Les marins-pêcheurs finistériens sont 5.869 inscrits sur les listes électorales des comités de pêche (sur internet, le chiffre de marins recensés est de 4.450 ). 
-  Le Cap-Sizun compte 270 exploitations agricoles (chiffre de 1995)
La catégorie des sous-officiers retraités de la marine nationale fait donc numériquement, pratiquement jeu égal avec les agriculteurs en Finistère ; en Cap-Sizun, il y a plus de retraités de cette catégorie que d’agriculteurs ou de marins-pêcheurs (152 marins-pêcheurs inscrits au comité des pêches d’AUDIERNE).
Les chiffres disent ce que disent les chiffres. Il n’est donc pas inintéressant d’étudier d’un peu plus près cette catégorie socioprofessionnelle, baptisée ‘’type sociologique’’ par Anne Denes Martin ( déjà citée) dans son livre ‘’Les Ouvrières de la mer’’. Cette expression est tout à fait correcte à mon sens. On peut lire ce qui suit dans cet ouvrage :
« le ‘’fayot’’, l’officier marinier de la marine nationale, envié et jalousé, assure la promotion dans les familles modestes…Plus d’une en a rêvé comme mari, et parfois même pour elle »
En effet, la profession s’est féminisée.
Comme toutes les grandes armées du monde, comme toutes les grandes entreprises françaises ou mondiales, la marine nationale se compose d’un corps de direction, les officiers, recrutés à très haut niveau scientifique (math Sup et Spé) , et formés à l’école navale. En équivalence dans la société civile, les officiers correspondent aux cadres et ingénieurs des entreprises. Ils sont appelés à exercer les plus hautes fonctions de direction, que l’on appelle commandement en langage militaire, sur mer, dans les états-majors et même parfois dans les cabinets ministériels. Ils sont peu nombreux en Cap-Sizun, et ceux qui y sont, vivent une paisible retraite sans se faire remarquer comme je l’ai déjà dit. Sans doute un potentiel perdu qui se consacre au jardinage ou parfois à quelques associations, le plus souvent patriotiques. Curieusement, ces officiers sont le plus souvent issus de familles ‘’d’officiers mariniers’’ dans lesquelles les enfants ont été encouragés à affronter la sélection pour obtenir la promotion. Dans la fonction publique, les officiers sont ressortissants à la catégorie A. Les officiers mariniers, fonctionnaires de catégorie B, sont soit formés à l’école de maistrance qui
recrute aujourd’hui au niveau BAC (hier c’était le brevet), soit issus du rang. La différence de niveau intellectuel au recrutement suffit à établir la différence entre les officiers et les sous-officiers. Ces derniers correspondent dans les entreprises aux fonctions de contremaîtres, techniciens, agents de maîtrise, qui constituent la hiérarchie de contact, la hiérarchie de terrain, l’encadrement d’exécution. Ils sont, par définition, sous tutelle de la direction. Dans la marine nationale, corps de spécialistes, le premier-maître mécanicien travaille sous les ordres d’un officier chef des services techniques, tout comme le fourrier sous les ordres du commissaire et le timonier sous les ordres de l’officier de quart. Ils n’exercent pratiquement jamais les fonctions de chefs de services, sauf parfois à terre , dans les petites unités. La hiérarchie est donc toujours présente, et le cas échéant pesante ou distante pendant toute la carrière du sous-officier de la marine. Ceci est beaucoup moins sensible dans l’armée de terre où les situations de combat nivellent la hiérarchie, rapprochant les catégories professionnelles, au lieu de les rendre méfiantes, voire agressives ou distantes et méprisantes l’une envers l’autre. Tel est le point de vue de ceux qui ont vécu le combat. Mais , nous n’avons peut-être pas encore tout vu au plan national, mais ceci est hors sujet. Ces quelques remarques suffisent à faire comprendre que les 480 sous-officiers de la marine, regroupés en association, pèsent un poids incontournable sur le plan politique en Cap-Sizun. Cela s’appelle corporatisme, groupe de pression ou lobby. Certes, ils ne disposent pas de tracteurs ou de camions pour barrer les routes, mais le lobby est agissant, et certains de ses membres n’hésitent pas à aborder la vie publique. Il n’y a pas de pedigree particulier pour devenir élu, la fonction étant ouverte à toutes les catégories sociales ou professionnelles. Toutefois l’expérience peut être utile. Dans tous les cas, on juge au résultat, et pour ne pas être accusé de parti pris, je ne citerai aucun résultat, pas plus bon que mauvais . Dans le contexte économique du Cap-Sizun, je pense que l’histoire jugera. Elle saura retenir les noms de ceux qui auront magistralement géré les situations les plus difficiles (cas de Jean-Marie Kerloch, maire de PLOGOFF à l’époque des évènements, déjà cité, et simple officier marinier à la retraite), comme elle retiendra les noms de ceux qui se seront contentés de rechercher une promotion ou une revanche sociale, à titre personnel, au détriment de l’intérêt général du Cap-Sizun.
Mais, on ne peut passer sous silence une situation particulière qui défraie régulièrement la chronique. En effet, au bout de 15 années de services, les sous-officiers peuvent bénéficier d’une retraite proportionnelle ( ce qui n’est pas le cas des officiers) ; ils accomplissent le plus souvent une deuxième carrière dans la vie civile, et se constituent une deuxième retraite. Souvent mal accueillis et même rejetés par leurs collègues de travail, ils sont dans tous les cas jalousés, à la limite de l’ostracisme. ‘’Cumulards’’, membres d’un lobby agissant et incontournable en Cap-Sizun, souvent bons techniciens malgré un niveau intellectuel parfois limité, issus des catégories sociales plutôt modestes, (ce que Pelras appelle ‘’les anciens petits’’), ils ont beaucoup d’arguments pour se faire envier et même rejeter, lorsque leur comportement affiche un manque de simplicité, voire une suffisance déplaisante. En général, ils font aussi partie des ‘’retournés au pays’’, ce qui leur vaut à la fois le mépris des autres marins issus de la pêche ou du commerce, et des agriculteurs ‘’restés au pays’’.
Anne Denes Martin a raison : il s’agit d’un type sociologique qui mériterait une étude approfondie. ( Celui qui écrit ces lignes s’appuie sur son expérience personnelle : il a servi comme matelot de 3ème classe sans spécialité, dans la marine nationale pendant 5 mois ½, en 1949, avant de faire carrière dans l’armée de terre. Issu d’un milieu familial plus que modeste, il a pu observer certains comportements dans ce milieu et dans le contexte local. Et pour faire bonne mesure, il ajoute qu’il est le fils d’un quartier-maître qui a servi pendant 21 ans dans la ‘’Royale’’. Il estime, en conséquence, avoir des arguments à opposer à ses détracteurs, contradicteurs et même contestataires).
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43 - Âges- Maladies-Suicides

431- Âges –
En Bretagne, 700.000 personnes âgées de plus de 60 ans représentent 20% de la population (moyenne nationale : 21%- cf : télégramme du 17/7/2002). Plus de 30% de la population française aura 60 ans et plus en 2.030
L’âge moyen en Finistère est de 40,4 années. Cela ne veut pas dire grand chose. Ce n’est qu’un chiffre.
22% de cette population a moins de 20 ans, et 25% plus de 60 ans.
Au Cap-Sizun, 15,3% de la population capiste a plus de 75 ans (Télégramme du 15/1/2001), et au cours de l’année 2.000 il y a eu 308 décès pour 115 naissances. Même situation en 2.002 : 318 décès, 106 naissances.
Chaque année, à l’occasion de la cérémonie des vœux, la plupart des maires présentent un bilan démographique de leur commune. PLOUHINEC annonce 606 personnes âgées de plus de 75 ans, soit 14,8% de la population communale, le 9/1/2003. J’ai déjà cité la plupart de ces chiffres dans un chapitre précédent : considérations démographiques. Inutile donc d’insister, sauf à répéter qu’à ce jour, 1/3 de la population capiste ayant plus de 70 ans, il n’est pas bien difficile de faire un peu d’arithmétique prévisionnelle. Je l’ai fait précédemment. Je ne le répèterai pas.

432 –Maladies -
Le vieillissement entraîne des situations particulières, mais aussi des besoins particuliers dont je parlerai plus loin. Situation de dépendance, maladie d’Alzheimer, désorientation, diminution des sens : ouïe, vue, etc…, mobilité réduite, sont les phénomènes dûs à l’âge. Mais la Bretagne connaît d’autres maladies, du type cancer, et détient un triste record en matière d’alcoolisme.
Le cancer touche plus les hommes que les femmes en Bretagne, situation sans doute imputable aux excès d’alcool et de tabac. Je laisse aux scientifiques le soin d’être plus précis sur ces sujets. Le Cap-Sizun ne se signale pas particulièrement dans ce domaine, ni dans un sens ni dans l’autre. Disons que le cancer est assez répandu ici, mais peut-être pas plus qu’ailleurs. C’est volontairement que je n’aborderai pas le sujet du tabac, en tant qu’ancien fumeur ayant renoncé à ce plaisir voici bientôt 30 ans. Je ne parlerai pas non plus de la drogue, sujet très spécifique que je ne connais absolument pas.
L’alcoolisme est un fléau. C’est l’une des causes principales de suicide que nous étudierons plus loin. Je citerai un seul chiffre : selon une source internet , il y aurait eu, au cours de l’année 2001, 6992 décès en France par alcoolisme et cirrhose ( avant l’âge de 65 ans). La Bretagne, avec 532 décès de cette catégorie, se classe au 3ème rang. (pour l’anecdote, on peut citer aussi, en France, 63.840 interpellations pour ivresse sur la voie publique, dont 3.173 en Bretagne qui occupe le 7ème rang en la matière). Par comparaison, 154 Finistériens font partie des 532 bretons précités, ce qui situe le département au 5ème rang français (anecdote : seulement 383 interpellations pour ivresse sur la voie publique).
Encore des chiffres pour la réflexion (source internet) : La France occupe encore la première place dans le monde pour la consommation moyenne d’alcool par habitant. L’évaluation, à partir de chiffres de vente et des enquêtes de consommation, révèle que la consommation moyenne annuelle d’alcool était, en 1993, de 11,5 litres par habitant. ( consommation moyenne de vin : 63 litres par habitant, bière :40 litres, spiritueux : 2,5 litres. Cette consommation a diminué entre 1976 et 1993, et reste stable depuis. (pour l’anecdote encore, une petite opération : 11,5 litres d’alcool pur à diviser par 365 jours donne 3,15 centilitre par jour, à comparer avec les 0,5 grammes à ne pas dépasser pour conduire un véhicule). La consommation quotidienne d’alcool est dite à risque lorsqu’elle dépasse 40 grammes d’alcool pur chez l’homme et 20 grammes chez la femme. Un litre de vin à 12 degrés contient 9,6 grammes d’alcool , un whisky 13 grammes, un demi de bière (250 mil) 13 grammes.
Alcoolisme et cancer sont des sujets particuliers à traiter par des spécialistes et non par un simple observateur dans mon genre. L’observateur peut toutefois souligner que l’on peut abuser d’alcool en fréquentant tous les ‘’bistrots’’ du coin. Mais, on peut tout aussi bien s’alcooliser chez soi, sans jamais mettre les pieds devant un comptoir. Il ne faut pas sous-estimer le poids des habitudes, de la tradition et des usages de la vie sociale : le verre de l’amitié, pourquoi pas !!Certaines professions (livreurs, facteurs, démarcheurs en tous genres) sont cependant plus exposées que d’autres, car le verre de l’amitié peut devenir une habitude catastrophique. Mais, toujours refuser peut aller jusqu’à risquer de compromettre sa réputation dans les ragots de village:
« qu’est-ce qu’il est fier, il ne trinque jamais ; on ne le voit jamais, ni en ville ni au bourg »
réputation qui retrouve d’ailleurs très vite sa normalité :
« il ne boit pas ; ce n’est pas comme ..untel »
Ah, l’opinion publique et le qu’en dira-t’on !! Mais, à tout prendre ne vaut-il pas mieux être critiqué plutôt que de défrayer la chronique par des libations excessives ??
Le vieillissement de la population est un problème qui nous concerne tous, qui nous a concerné pour nos anciens et nous concernera personnellement à très court terme. On est donc amené à parler des structures existant ou souhaitables pour répondre à la demande et aux besoins. Le Cap compte actuellement 4 maisons de retraite situées à AUDIERNE, CLEDEN, PLOUHINEC, PONT-CROIX, et un foyer-logement également situé à PONT-CROIX. Ces établissements ne sont pas tous de même statut. Ils tournent à plein régime, mais rien ne dit qu’ils pourront absorber à l’avenir ce 1/3 de population âgée de plus de 70 ans. Ces maisons ont été crées pour la plupart, il y a une douzaine d’années. Celle d’AUDIERNE a été inaugurée en 1991, après avoir été construite ‘’ au forceps’’ par la volonté de l’équipe municipale du moment (maire : Jean Normant), malgré et en dépit des chausses-trappes des opposants systématiques ( Elle avait cependant été occupée dès 1990). Rappelons qu’il existait un autre projet consistant en l’achat d’un immeuble dans la rue Laënnec à AUDIERNE ( le gai sabot), qui aurait été relié à l’ancien hospice par une passerelle. Passons sur la passerelle !
Le Cap a aussi besoin d’un hôpital de proximité : DOUARNENEZ. Une clinique a existé à AUDIERNE, il y a quelques années. Elle avait été inaugurée en 1973. Pour des raisons obscures, elle cessé de fonctionner en 1974, après quelques mois de services. Complètement abandonnée, en ruines, délabrée, parfois squattée, elle est toujours là, ce qui n’améliore pas la qualité de l’environnement audiernais qui s’en passerait bien. Une ruine de plus, une de mieux, mais l’environnement s’en accommode, dans une certaine indifférence!!
L’hôpital de DOUARNENEZ donc, situé à 22 kilomètres d’AUDIERNE, soit 38 kilomètres de la Pointe du Raz, paraît parfaitement adapté aux besoins de la population capiste. Il ne dispose peut-être pas de plateaux techniques de très haut niveau pour effectuer des interventions sophistiquées. Service des urgences, SMUR, chirurgie courante, cardiologie, médecine , ophtalmologie, ORL pour ne citer que quelques services, paraissent indispensables à proximité d’un bassin de 16.000 personnes : le Cap, qui ne représente d’ailleurs pas la seule clientèle de cet établissement. Des considérations économiques sont sans doute responsables de la fermeture de la maternité qui avait pourtant très bonne presse. Inutile d’y revenir !! Il faut noter cependant que, à l’heure où j’écris ces lignes, l’hôpital de DOUARNENEZ ne dispose pas encore de scanner, les examens de ce type étant pratiqués à QUIMPER ou à BREST. Souhaitons à ce problème une solution dans les meilleurs délais, pour le plus grand confort et la sécurité des usagers. Les échos recueillis dans le Cap, au sujet de la réputation de cet hôpital sont majoritairement favorables, tant du point de vue relationnel ( personnel dévoué, serviable, poli accueillant, souriant), que du point de vue technique. Pour autant, des changements pourraient survenir, toujours pour des raisons économiques. Pauvre capiste qui, dans ce cas, verrait une fois encore s’éloigner un élément de sa sécurité personnelle. Une population âgée a besoin d’une structure de proximité, vers laquelle elle se laisse diriger en toute sérénité, sans stress, en toute confiance. Espérons qu’il ne s’agit pas là que d’un vœu pieux.

433 – Suicides -
Phénomène inquiétant qui défraie régulièrement la chronique. Qu’en disait Voltaire ?
« Quand on a tout perdu, quand on n’a plus d’espoir
La vie est un opprobre, et la mort un devoir »

( extrait de Merope).
Et Guy de Maupassant :
« Le suicide, c’est la force de ceux qui n’en ont plus, c’est l’espoir de ceux qui ne croient plus, c’est le sublime courage des vaincus »

Chaque année, 7.000 bretons tentent de se donner la mort. Près de 1.000 y réussissent. Ils font parties des 12.000 suicides annuels en France . La tranche d’âge la plus touchée va de 35 à 44 ans. Pour autant, les jeunes, et même les adolescents ne sont pas épargnés. Le ‘’Télégramme de Brest’’ a publié plusieurs articles sur ce sujet depuis 1.999. L’un d’entre eux a cité des causes possibles : influence du vieillissement de la population en zone rurale, liens entre santé mentale et suicide, alcool, météo peut-être. Curieusement, la crise économique, le chômage, l’angoisse de l’avenir, l’endettement, la situation familiale ( séparation, divorce), la solitude, la drogue, les licenciements, les restructurations d’entreprises et même le harcèlement moral, bref, les situations de désespérance, n’ont pas été citées.
Le quotidien ‘’Le Monde’’ a publié un article le 5/2/ 2.002, dans lequel il retient plusieurs de ces causes possibles, et annonce le chiffre de 160.000 tentatives de suicide par an, en France. Il récidive le 25/2/2.002 en titrant :
« L’augmentation des suicides exprime la détresse des paysans »
évoquant successivement les quotas laitiers, les montants compensatoires, la mise aux normes européennes, la ‘’vache folle’’, la sécurité sanitaire, le respect de l’environnement ……etc, qui font qu’aujourd’hui l’agriculteur doit être excellent en technique, en maths, en informatique. La pudeur m’interdit de parler des moyens utilisés pour aboutir à ses fins, également cités dans cet article. Je me contenterai de dire qu’il y a un problème, tout en laissant à des gens plus qualifiés que moi, le soin de proposer et trouver des solutions, à travers des études médicales, psychiatriques, sociologiques, culturelles et même économiques.
La Cap-Sizun compte pour une part dans les chiffres exprimés ci-dessus. Je n’ai pas cherché à la déterminer, tout simplement parce que ce serait pratiquement impossible. Autrefois, dans les campagnes, le ‘’suicidé’’ n’avait pas droit à une cérémonie religieuse d’enterrement . Le suicide était donc transformé en accident aux yeux de l’opinion publique. Seuls quelques proches, le clergé, le corps médical et éventuellement les enquêteurs, connaissaient les causes exactes du décès, sans pour autant d’ailleurs en connaître toujours les raisons. Difficile par exemple de prouver qu’un noyé, rejeté à la côte par la mer, n’a pas été victime d’un accident, une glissade, un coup de vent ou une lame déferlante. Toutes les hypothèses sont plausibles, faute de témoins. Ceux qui ont assisté ou participé à une tentative de sauvetage d’un ‘’suicidé’’, en mer, à la côte , ou sur une digue, savent tout ce que cela peut cacher de détresse humaine. Une seule attitude dans ce cas : le respect et la dignité de tous, avec en plus la prière pour les croyants et la compassion pour les incroyants.

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44 - Le poids des traditions –

On a déjà parlé de la France profonde, et en Cap-Sizun du ‘’C’Hap Don’’. Nous y sommes. Si j’ai tenté une explication, à travers les évènements historiques, c’est parce que nous avons un héritage culturel, donc des traditions, bonnes ou mauvaises, c’est selon, chacun est juge.
La vie du capiste a pendant longtemps été rythmée par les grands évènements qui accompagnent l’homme, de la naissance à la mort, en passant par la première communion et le mariage. Tous ces évènements étant, bien entendu, à dominante religieuse. Comme la religion a évolué, la manière de marquer ces évènements a suivi, mais tout n’a pas cependant disparu. Tant mieux dirons certains, tant pis dirons les autres.
Dans le livre écrit sur GOULIEN, Christian Pelras a consacré un chapitre aux traditions, pratiques et croyances, et détaillé le cycle de la vie individuelle. Ce qui est vrai pour GOULIEN est globalement vrai pour le Cap, avec quelques ajustements selon les ‘’paroisses’’. On peut donc s’y reporter pour connaître hier.
Aujourd’hui, les choses ont beaucoup évolué : mai 1968, la télévision, la libéralisation des mœurs, le Cap n’est pas resté en marge. Les grands-mères, ainsi que les ‘’Pères la Vertu’’ ont du s’y faire et accepter par exemple leurs petits enfants nés hors mariage au sein de couples illégitimes. En fait, on ne baptise plus guère des nouveaux-nés, mais plutôt des adolescents, parfois avant la première communion qui est souvent faite par principe. Le repas de baptême se fait au restaurant, de même que le repas de première communion, les deux donnant lieu à l’offrande de cadeaux . Fini le ‘’frico badeziant’’ , repas de baptême donné dans la maison des heureux parents, suite à la cérémonie religieuse pratiquée dès les premiers jours de la naissance. Les ‘’Anciens’’ sont parfois désemparés devant ce nouveau mode de vie, ces nouvelles mœurs. Il n’est pas rare d’entendre :
‘’autrefois, de mon temps ….’’.
je crois avoir déjà cité la réponse d’un membre du clergé à ce propos :
‘’de ton temps, c’était ton temps, c’était hier. C’est demain qui compte’’.
Sage propos !!
Le mariage, ‘’an eured’’, se pratique encore parfois selon la tradition : cérémonie civile à la mairie, suivie de la messe de mariage à l’église paroissiale. Les instances diocésaines ont supprimé les mariages dans les chapelles, qui attiraient il est vrai, parfois des amateurs d’originalité et de couleur locale, plus soucieux de médiatiser l’événement que de vivre une cérémonie religieuse. Toutefois, pour certains, ceux du terroir, ces cérémonies représentaient souvent quelque chose, en l’honneur de leurs Anciens particulièrement respectueux de ces lieux de culte auxquels ils étaient tout dévoués. Mais, je ne me lancerai pas dans ce débat.
Robe blanche, tenue de cérémonie, repas de noces (ar frico) sont donc toujours d’actualité même quand il s’agit de régulariser une longue période de vie commune. Les repas de noces se font dans les restaurants, ou dans les salles polyvalentes avec la participation d’un traiteur. Fini la grande tente dressée dans la cour, avec tréteaux et bancs fournis par les marchands de vin, comme je l’ai connu avant la guerre.
Les jeunes capistes ne sont pas restés à l’écart du modernisme et de la modernité. Là encore les grands-mères ont dû s’y faire et accepter des belles-filles ou des gendres qui ne sont pas passés chez Monsieur le Maire et Monsieur le Curé. Disparus les entremetteurs et entremetteuses de mariages : les ‘’Bazhvalan’’.
Mais c’est peut-être à l’occasion des décès que la tradition est restée la plus vivante. Autrefois, avant la guerre, avant le téléphone, avant le ‘’e-mail’’, avant l’avis de décès dans le journal, l’annonce du décès était portée à la connaissance des parents proches et cousins éloignés par un émissaire à pied ou à bicyclette. Il n’y avait pas ou peu de voitures. Les seules voitures existantes appartenaient aux médecins, sages –femmes, et gros négociants.
L’émissaire se présentait chez le destinataire en annonçant :’’je suis venu vous apporter une mauvaise nouvelle’’. Il fallait parfois le dire en breton : ‘’kelou fall a zo ganin’’, ce qui signifie littéralement ‘’il y a une mauvaise nouvelle avec moi ’’, et en bon français: je suis porteur d’une mauvaise nouvelle.
Pendant ce temps, le défunt faisait l’objet d’une toilette mortuaire effectuée à son domicile, par les voisins et amis. Lavé, rasé (dans le cas d’un homme), le décédé était allongé sur le lit, revêtu de ses plus beaux vêtements, mains jointes et entrelacées autour d’un chapelet. Un rameau de buis ( datant si possible de la bénédiction des rameaux), trempant dans une soucoupe contenant de l’eau bénite, était déposé sur la table de nuit et servait aux visiteurs pour la bénédiction du corps. Un proche se rendait également à l’église paroissiale quérir les croix, dont le nombre et la qualité variaient selon la classe des obsèques : 1ère classe, croix d’or, 2ème classe croix d’argent, 3ème classe croix de bronze.
Les visites des proches et amis duraient toute la journée, certains venant de loin, à pied ou en char à bancs à la campagne. Il convenait alors de prévoir une collation, généralement dans la pièce à côté de celle occupée par le défunt, car la route creuse. C’est aussi dans cette pièce que se faisait la collecte d’argent destiné aux services et messes, dont la liste était lue à l’église à la fin de la cérémonie. Pas question donc de se faire remarquer en faisant l’économie de l’argent d’une messe, ce qui n’aurait pas manqué d’être repéré et souligné par tous les observateurs attentifs guettant les faux-pas pour mieux les colporter ensuite. Par contre, recommander une messe était aussi considéré comme l’expression d’un témoignage d’amitié à l’égard de la famille.
La veillée funèbre avait lieu à partir de 20 heures. Une récitante, parfois pleureuse, récitait les prières et faisait répéter les dizaines de chapelet pour le repos de l’âme du défunt. (on peut consulter à ce sujet l’ouvrage ‘’Pedennou evit eun noz-veilh gant eun den maro’’, prières pour une veillée funèbre. Ce livre a reçu l’imprimatur en 1953. On pourra y lire :
‘’En ano an tad , ar mab, hag ar spered santel’’
Au nom du père , du fils et ……..
Et plus loin :
‘’Lavaromp eur bater hag eun Ave Maria evit…’’
Disons un Notre Père et un je vous salue Marie pour…

Les récitantes étaient cataloguées et appréciées selon leur talent à faire participer l’assistance, ainsi que leurs intonations parfois un peu théâtrales et même exaltées dans certains cas. Il faut bien considérer que cela se situait à une époque de prééminence de la religion et d’expression de la foi, sans ambiguïté. Mettre tout son cœur dans la récitation de prières était une forme de participation à l’accession du défunt au paradis.
La veillée funèbre était , une fois de plus, suivie d’une collation, le café, dans la pièce à côté où officiaient les voisines de service. Dans certains cas, il s’agissait même d’un repas complet car les plus proches devaient rester toute la nuit pour tenir compagnie au mort et sa famille.
Le lendemain, mise en bière et cortège funèbre jusqu’à l’église. A cette époque, les prêtres venaient à domicile pour une dernière bénédiction avant la fermeture du cercueil Le corbillard à pompons, tiré par un cheval drapé de noir, recevait le défunt porté par les amis et voisins. Les enfants du quartier, tenant des cierges, encadraient le corbillard qui se dirigeait alors vers l’église, en procession ouverte par les prêtres chantant les litanies de circonstance, auxquelles les enfants de chœur répliquaient par les répons. Vêtements noirs pour tous les proches, sans oublier la grande cape des veuves et sœurs du défunt : le ‘’mantelet’’ .
Aujourd’hui la mort : ‘’Ar Maro’’, s’est banalisée, aseptisée si l’on peut dire. Les morts reposent rarement chez eux. Ils sont soit à la morgue des hôpitaux, soit dans des locaux adaptés, où les entreprises spécialisées (pompes funèbres), pratiquent les soins relevant de la thanatopraxie. Les déplacements sont effectués en voitures, et les cérémonies religieuses de plus en plus limitées à une simple bénédiction, sans eucharistie et communion. Il est vrai que de nombreuses cérémonies d’obsèques religieuses sont effectuées au profit de défunts non pratiquants de leur vivant. J’aurais tendance à appeler cela ‘’tamponner le passeport’’, car après tout, ‘’cela ne coûte pas grand chose’’ et ‘’on ne sait jamais, des fois que… après tout…’’ !!
L’incinération se répand au détriment des cérémonies au cimetière et des entreprises de monuments funéraires. Sans compter que l’on peut imaginer des cérémonies d’obsèques à caractère religieux , dirigées exclusivement par des laïques, faute de prêtres, espèce en voie de raréfaction et peut-être à court terme de disparition, tout au moins en France profonde, donc en Cap-Sizun.
Certains aspects de la tradition perdurent néanmoins, par exemple le regroupement des familles devant la porte d’entrée de l’église pour accueillir le cercueil. Or, très souvent, ces familles n’ont plus d’existence relationnelle. Elles n’existent plus que sur le papier, chacun s’étant réfugié dans son isolement devant son téléviseur. Il est reconnu que la télévision a brisé les liens familiaux et les relations de voisinage. L’enterrement est donc l’occasion de revoir des cousins perdus de vue depuis longtemps et avec lesquels on n’a plus de rapports. Mais, il faut sauver les apparences, avec une certaine hypocrisie, et entourer la famille proche pendant la cérémonie. Après, chacun pour soi bien entendu.
Le café d’enterrement existe toujours. Il n’est plus servi à la maison mortuaire comme autrefois, mais au ‘’bistrot’’ du coin. Belle occasion pour revoir tout le monde, et trinquer, en attendant le prochain décès. Evidemment, certains sont venus de loin. Il faut certes les remercier et le cas échéant les réconforter. On peut tout de même se demander quelle est la part exacte du recueillement et du chagrin en ces circonstances. Ne dit-on pas que les grandes douleurs sont muettes ? Mais les cérémonies dans l’intimité n’ont pas encore pignon sur rue. Un bel enterrement est celui qui remplit l’église. Un enterrement ordinaire est celui dont on dit qu’il n’y avait pas grand monde. Poids de la tradition, poids des habitudes, sans compter le ‘’qu’en dira t’on’’ ?
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D’autres traditions sont encore très présentes, même si elles n’ont plus la force d’antan. Il faut citer en particulier les pardons. Il n’y a pas dans le Cap de grands pardons comme à Sainte Anne d’Auray, Sainte Anne La Palud, ou Notre Dame du Folgoët par exemple. Mais chaque église paroissiale a son pardon, héritage du passé. Fête religieuse avec messe, vêpres, procession et bénédiction du Saint-Sacrement le cas échéant.
Les chapelles sont un des joyaux du Cap. Chaque chapelle a aussi son pardon, qui concerne une partie des paroissiens, ceux qui résident dans un certain rayon autour de la chapelle. C’est ainsi que CLEDEN se partage entre Saint They, Saint Tugdual, Saint Tremeur et Notre Dame de Langroas. Autrefois, une fête profane, parfois foraine, se tenait à proximité. AUDIERNE a gardé l’habitude. C’est ainsi que le pardon d’AUDIERNE, c’est à dire la fête foraine et le feu d’artifice font l’objet chaque année d’un article dans la presse, où il n’est jamais question de cérémonie religieuse, ce qui a tendance à indisposer les membres du clergé. En effet, la fête foraine était autrefois complémentaire de la fête religieuse. Les musiques profanes s’arrêtaient pendant les processions. Aujourd’hui, le pardon est pour beaucoup de gens une fête profane, à une certaine date sur le calendrier, on ne sait pas trop pourquoi. Mais, c’est peut-être aussi la même chose pour d’autres évènements qui correspondent à des jours chômés et fériés sans que l’on sache exactement ce qu’ils représentent . En fait, dans beaucoup de cas, le pardon a perdu son sens originel. Je consacrerai le chapitre suivant aux chapelles, mais je dois déjà dire, au risque de répéter, que si elles sont aujourd’hui le joyau du Cap, le mérite en revient aux associations qui se sont chargées de leur restauration. C’est pourquoi, des tentes sont encore dressées le jour du pardon près des lieux de culte ; les bénévoles y organisent des loteries, tombolas, et même des dégustations de produits locaux, pour collecter un peu d’argent destiné à l’achèvement des travaux de restauration.
Que seront les pardons demain ? Comment faire des cérémonies religieuses sans prêtre ? Je n’ai pas la réponse.
Quant au far breton, dessert traditionnel du pardon : ‘’farz riz’’, far de riz, ou ‘’farz bleud’’ far de froment, ils ne sont plus cuits dans les grandes terrines en grès, au four du boulanger. L’électricité est là, chaque foyer est autonome. Disparue aussi la tournée des maisons du quartier pour déguster le far, disparu le ‘’Koste Pen’’ de la tradition, servi comme un plat royal et offert aux proches le jour du pardon ou le jour de l’an. ( tête de cochon cuite au four). On trouve ce plat chez les traiteurs, c’est un plat à touristes !!
En conclusion on peut dire que la modernité a aussi atteint le Cap. Certes les traditions sont encore présentes en certaines circonstances, particulièrement à l’occasion des décès. Mais tout évolue et le Cap n’y échappe pas. On aime, on n’aime pas, chacun est libre d’apprécier ou de réprouver, mais il faut s’y faire. Pour ma part, je crois qu’il ne faut pas confondre habitude et tradition. L’habitude est une disposition acquise par la répétition. Elle peut être bonne ou mauvaise, et dans cette hypothèse il faut sans hésiter la changer, voire la supprimer. Tel est souvent le cas chez les enfants au cours de l’éducation. La tradition est la transmission d’une doctrine, d’une légende, mais aussi de coutumes ancestrales. Les traditions très respectées dans les écoles militaires où j’ai été formé, sont justement respectables par égard aux Anciens. En matière de religion, les traditionalistes qui ne veulent aucun changement sont regroupés sous une certaine bannière. Ce n’est pas le cas du Cap. Sans nier le petit côté de superstition qui s’attache à certaines traditions particulièrement dans le domaine religieux, je pense qu’il faut peut-être laisser les choses évoluer toutes seules et tranquillement, plutôt que de tailler dans le vif. Plus personne ne croit aux vertus de la clef de Saint Tugen et son pouvoir en cas de rage. Faut-il pour autant la supprimer, tant elle que son contexte, alors qu’elle rapporte un peu d’argent à l’association du patrimoine ? A chacun son point de vue. Le mien va vers le respect de la tradition, et tant pis si je me trompe, car nul n’a la science infuse, ni moi, ni personne .

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A Suivre Ma Bro Hirio suite 5





 

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